L\'Esprit Rando

L\'Esprit Rando

Tour du Piton des Neiges par les Cirques

12 - 14 août 2006

Un week end de trois jours, c'est trop beau pour ne pas être mis à profit ! Un couple d'amis se laisse facilement convaincre de faire avec moi le tour du Piton des Neiges par les trois cirques. Trois jours de rando, dont une nuit en bivouac au Kerval, et une autre en gîte à Hell Bourg, ça promet d'être sympa.

Le 12 août au matin nous trouve attablés devant un petit déjeuner à la Boulangerie du Cirque, Cilaos. Autant dire le grand rendez-vous des aventuriers matinaux. Les sacs sont prêts, et il nous tarde d'en découdre avec les sentiers. Un de mes amis nous rejoint, et prend le café avec nous. Il a la gentillesse de bien vouloir nous conduire au départ du sentier du Col du Taïbit, sur la route d'Ilet à Cordes. Cela va nous faire gagner un temps précieux.

Départ du sentiers, route d'Ilet à Cordes

Nous attaquons les marches. Je l'ai déjà dit, La Réunion est un escalier géant. Pire, les marches ont été taillées par des gens qui ne les utilisent pas ! Mais on ne va pas se mettre à râler si tôt. Il fait beau, et le sentier est agréable. Nous dominons vite Cilaos, soupir, qu'est ce qu'on est bien en rando ! Tiens, une source. L'îlet des Salazes n'est plus très loin.

Pause pour le plaisir à l'ilet, où l'on savoure un "ascenseur", en échangeant quelques mots avec Barbe Rouge, ou l'un de ses compères, je ne sais plus. Un havre de paix, cet ilet. Mais pas de blagues, le col du Taïbit est encore loin, et ce n'est pas le moment de lambiner. Un dernier salut à nos hôtes et c'est reparti.

 

Sur le chemin vers le Taïbit

ça grimpe sec, mes aïeux. Ouf ! Heureusement, nous gardons suffisamment de souffle pour bavarder et échanger nos impressions, et l'effort passe plus inaperçu. Du Col du Taïbit, nous admirons à la fois Cilaos et Marla. Nous décidons de faire la pause déjeuner à Marla.

Hmmm, c'est tellement agréable de poser son sac sous la pinède, surtout quand c'est pour manger !! En prévision du bivouac de ce soir, nous transportons des réchauds (une fois n'est pas coutume). Cela fait plaisir de se concocter une petite tambouille digne des sorties terrain de St Maixent. Repas, sieste, et puis... oh, on a bien le temps.

 

Pique nique à Marla

Ambiance bucolique. Je raconte mes 1° pas dans le Cirque en décembre 2005, en en rajoutant et en faisant de cette traversée une expédition un peu plus  apocalyptique qu'elle n'était en réalité... Oups, avec tout ça, nous voici à Maison Laclos... ooh ? Un coup d'oeil à la carte... on a raté la bifurcation vers le Plateau du Kerval ? Eh oui, demi tour. Là, on se croirait dans un film d'aventures : quasiment plus de balisage, à peine une sente, direction vers nulle part... Glups !

Eh, eh, ce n'est pas pour nous déplaire, bien au contraire. Nous crapahutons par dessus les blocs de pierre, enjambons des troncs, évitons les ronces marronnes, admirons les lieux aussi. Très chouette, ce petit coin perdu, un parfum d'aventure, qui se renforce encore lorsque nous croisons un crâne de vache posé bien en évidence sur un rocher ! Hmm, nos imaginations s'enflamment. On entend presque des tam tam retentir à nos oreilles ! Là, je crois qu'on fuirait en courant, malgré nos sacs à dos, les pierres, les ronces et tuti quanti !!

Le plateau du Kerval est un petit coin de verdure, marécageux et un peu boisé, blotti sous les rempart qui sépare Mafate et Cilaos. Oui, bien spongieux, d'ailleurs... Pas top pour planter le bivouac. Nous traversons une belle étendue herbeuse jusqu'à un rideau d'arbres. Stupeur ! Un troupeau de vaches occupe déjà les lieux ! Bigre, on ne sait pas qui a le plus peur des autres, toujours est-ils que ces bestioles ont des cornes bien pointues et on va tâcher de ne point froisser leur susceptibilité.

Au prix de quelques acrobaties entre les arbres sous le regard placide de nos nouvelles compagnes de fortune, nous débouchons dans une autre clairière, occupée par une mare aux contours incertains. Mas aïeux, quel marécage, on ne va  pas dormir là dedans ! Le sol se raffermit quand on s'éloigne du bord, mais l'humidité imprègne l'air et on commence à bien la sentir avec l'après midi qui s'avance.

Plateau du Kerval, à l'abri du rempart : col du Taïbit côté Mafate.

Je sais qu'il y a une source d'eau douce contre le rempart, aussi poussons nous un peu plus loin, et grimpons d'une dizaine de mètres. Eh bien voilà ! Un petit replat parait là juste pour nous accueillir. Les 2 bivouacs sont montés dans la plus pure tradition (eh !), puis corvée de bois pour allumer un feu. Super ! Voilà une belle soirée en perspective ! Le soir et le froid commencent à se faire sentir, mais les flammes vives réchauffent les mains, les coeurs... et le dîner !

 

Bivouac et feu de camp : que du bonheur !

Veillée courte mais fort sympathique. En fait, personne n'a envie d'aller se coucher, on est si bien auprès du feu. Des éclats de voix nous indiquent que d'autres randonneurs se sont installés plus bas, près de la mare, et nous distinguons les lueurs de leur feu.

Hmm, quelle bonne nuit ! A peine quelques frissons et autant de réveils, mais vite oubliés dans les bras de Morphée où nous retombions chaque fois avec la délectation du réveil encore lointain. L'aube naissante nous fait remuer pour de bon. Le plus courageux finit par se lever et ranime le feu, ce qui motive un peu les 2 autres.

Il fait froid, mais les flammes et l'activité, sans oublier le café, nous réchauffent. Autour de nous, tout est humide, mais c'est tout. Les abords de la mare, par contre, sont sous une épaisse couche de givre, et bien nous en a pris de nous en éloigner pour camper. Faire le plein des bidons à la source qui ruisselle le long du rempart, quel plaisir à la fois simple et incommensurable ! Par contre, nous trouvons nos voisins du contrebas, à la mare, complètement frigorifiés, sous une carapace de gel (bon, j'en rajoute un peu... mais à peine), essayant maladroitement  de raviver un maigre feu qui ne veut pas prendre. Ils sont stupéfaits d'apprendre que nous n'avions pas de tente (eux si), et surtout que nous ayons si bien dormi, eux qui n'ont pas fermé l'oeil !!!

Le Kerval gelé

L'étape suivante est le passage dans le Cirque de Salazie, par la Plaine des Tamarins et le Col de Fourche. Tout se passe bien jusqu'à ladite Plaine des Tamarins... où la pluie se met de la partie. Oh, d'abord toute petite, toute fine, et puis de plus en plus forte et drue, oh là là. Dommage, parce que la Plaine des Tamarins est un endroit superbe (un de plus !), un vrai décor de théatre, une atmosphère tout droit sortie d'un conte de fées. Il ne manque plus que le dragon, la princesse prisonnière et le preux chevalier sur son cheval blanc. La fée Carabosse aussi.

 

Ou là là, ça mouille, et on sort vite les ponchos. Après la Plaine des Tamarins, il nous faut attaquer le Col de Fourche, sur un terrain ruisselant, autant dire dans un ruisseau coulant sur de la glaise. Et raide, par dessus le marché, comme si ça ne suffisait pas. Surprise au col, et toujours sous la pluie, je retrouve la famille de St Paul rencontrée au Tekweni Backpackers de Durban, un mois plus tôt ! Que le monde est petit ! Bascule dans Salazie, et dégringolade ves Hell Bourg, qu'il nous tarde d'atteindre. Les cieux se font plus cléments au moment du déjeuner, ouf !

A Hell Bourg, Tim nous accueille à son gîte, le Salaozy, au charme bien créole. Ah, quel plaisir de s'installer sous les combles, d'admirer le magnifique jardin créole, de se doucher après un tel effort et de s'étirer sous la varangue... Hmmm ! Tim nous attend pour le repas, au cours duqul nous contons nos exploits passés et  venir à nos compagnons de tablée. Tim et son rhum "Coeur de Dragon" nous font bien rire, mais ouh ! il dépote sec, ce rhum ! Excellente nuit, avec le plic-plic de la pluie sur le toit qui nous berce doucement...

 

Ce n'est pas tout, la dernière étape nous attend. Et non des moindres puisqu'il s'agit de gravir le terrible Cap Anglais qui va nous mener à la Caverne Dufour, avant de replonger sur Cilaos. Sous la pluie (encore, eh oui), nous traversons Terre Plate (qui n'a de plate que le nom), et sommes vite au pied du mur, au sens propre. Le Cap Anglais est en effet un mur, un vrai mur vertical, et le gravir parfois à 4 pattes avec un sac sur le dos ressemble à tout sauf à une sinécure. Mes compagnons me distancent, mais chi va piano va sano, et on se retrouvera bien en haut.

En effet, je retrouve mes compagnons sous un beau soleil, à lézarder près du gîte du Piton des Neiges. La pause n'est pas de refus. Outre le Cap Anglais (que je classe, avec le Coteau Kerveguen et la Roche Ecrite par Grand Ilet, parmi les itinéraires les plus durs de la Réunion), le sentier jusqu'au gîte est assez chaotique et il n'est pas facile d'y crapahuter. Mais pour l'instant, c'est Byzance : sieste, ravitaillement, soleil...et une furieuse envie de ne plus repartir...

Arrivée au gîte de la Caverne Dufour

La randonnée prend fin, en effet, mais il nous reste encore à descendre jusqu'au Bloc, où notre "taxi" du 1° jour viendra nous chercher dès que nous l'appellerons. Les pattes son raides, et au fond il nous tarde un peu d'arriver. Mais quelle belle randonnée ! Quel beau week-end ! Cette merveilleuse expédition autour du Piton est à refaire et à faire découvrir, sans modération !

Merci à Brigitte et Philippe de m'avoir accompagnée dans ce périple , ainsi qu' à Michel pour sa disponibilité et sa gentillesse.

La Baroudeuse.

Itinéraire

Jour 1 : Cilaos (route d'Ilet à Cordes) - Marla - Plateau du Kerval

Jour 2 : Plateau du Kerval - Plaine des Tamarins - Col de Fourche - Hell Bourg

Jour 3 : Hell Bourg - Terre Plate - Cap Anglais - Caverne Dufour - Le Bloc.



11/04/2009
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