L\'Esprit Rando

30 septembre 2007

Parmi les mille et une curiosités de l'île de la Réunion, l'Arche Naturelle de l'Entre-Deux me fait signe depuis un petit moment. Le temps de réunir une poignée de copains, de fixer un week-end qui convienne à tout le monde, de boucler les sacs à dos, et nous voilà partis, une fois de plus, à la découverte.

Nuit à l'Entre-Deux, qui chez l'un, qui chez l'autre. Nous ne sommes pas moins d'une demi douzaine à nous retrouve de bon matin au bord du sentier. Le temps est encore  et toujours de la partie. Il s'agit dans un premier temps de descendre jusqu'au Pont des Lianes, puis d'aller carrément dans le lit de la rivière, et la remonter jusqu'à une arche rocheuse naturelle. Hmm, encore quelque chose que je ne connais pas, après 2 années entières passées sur l'île !

Et nous voilà partis. Le sentier est sympa, à flanc de falaise, et nous conduit vers le fond du Bras de la Plaine. L'humeur est joyeuse, et nous ne tardons pas à atteindre le Pont des Lianes, frêle passerelle branlante et hum, déconseillée dirons nous... Il en faut plus pour nous arrêter. Il y a beaucoup de monde à la rivière en bas, et quelques photos plus tard, nous les avons rejoints.

Mais alors là, ça va se corser... je pressens qu'il va falloir se mouiler les pieds... Non, on n'y coupera pas ! Mais avant , nous admirons les lieux. Grève de galets au bord du Bras de la Plaine, il n'y a pas de sentier clairement défini, notre main courante, c'est désormais la rivière. Nous cheminons vers l'amont, à pieds secs autant que possible. Le but de cette balade est donc l'Arche, mais comme il paraît qu'elle n'est pas très loin, nous improviserons à ce moment là.

Bon, nous y voilà, il faut se décider : dans la vie, il faut savoir se mouiller. Et chacun va devoir le prouver ! Ces traversées ne se font pas sans une belle crise de rire à chaque fois, d'autant plus que nous prenons le soin d'immortaliser ces instants. "Séquence émotion"  en quelques images sur le vif  :

Plus nous remontons le courant, moins il y a de monde, et c'est tant mieux. je n'aime rien tant que les endroits où personne ne va jamais, avec cette impression de faire partie des quelques initiés qui sont allés voir ce qui se cache au delà des sentiers balisés.

Sur la carte, le cours d'eau arrose loin en amont le charmant ilet de Grand Bassin, et à ma question, l'un de mes camarades du jour (un gars du cru) confirme mes soupçons : il est possible de rejoindre Grand Bassin par la rivière, sous réserve d'être un peu audacieux et de prendre des délais. Hmmm, ces délicieux soupçons me donnent des idées, mais je dois vite déchanter. J'ai tendance à me croire en sempiternelle permission, alors que mes CFC se terminent dans un mois... (un mois et 5 jours, non mais !).

En attendant, voici l'Arche ! Woh, que la nature sait faire de belles choses ! En voilà une belle sculpture. Les arches de l'ouest américain n'ont qu'à bien se tenir, nous on a celle de La Réunion.

La roche est surprenante de formes et de sculptures aussi multiples que variées, qu'est ce que c'est beau. On prend des photos, encore et toujours. Il faut garder à l'esprit que la Réunion est une île d'origine volcanique, d'ailleurs les sites naturels, les reliefs se chargent de nous le rappeler.

Il est trop tôt pour faire la pause déjeuner. Après la traditionnelle photo de groupe, le défi est de descendre de là sans se casser la figure... Bigre, ce n'est pas une mince affaire, mais cela est encore prétexte à rire, alors ça ne fait rien. De toutes façons, quelle que soit notre habileté, la pesanteur finira bien par mettre tout le monde d'accord...

Là, nous sommes aux portes d'une sorte de royaume interdit, un territoire sacré, une zone non explorée... Avec un peu d'imagination, c'est vraiment l'impression que l'on a. De touristes en vadrouilles ou familles en pique-nique, point. Pas téméraire, tout ce petit monde s'est arrêté au niveau de l'Arche. La suite est conforme à ce que nous connaissons : bras de rivière à traverser, il faut louvoyer d'une berge à l'autre. Mais pieds nus, ça fait mal et plus d'un d'entre nous manque de se ramasser pour de bon ! L'idéal : s'entraider.

Les gorges se resserrent, c'est fantastique ! Tout autour de nous, des orgues basaltique (à ne pas confondre avec le vinaigre basalmique, diront doctement  certaines...!!). C'est grandiose, La Réunion ne finira donc jamais de nous étonner. Entre eau, sable et galets, l'itinéraire est chaotique à souhait.

Extraordinaire, surprenant, fascinant... tel est le décor dans lequel nous évoluons, au fil des méandres de la rivière. L'estomac commence à demander grâce et ma foi, une petite plage de sable gris tombe fort à propos. Avec le glouglou de l'onde en guise de bruit de fond et à l'abri des hauts remparts volcaniques, le pique-nique a une saveur d'aventure, surtout que l'exploration n'est pas finie.

C'est ce qui est terrible avec un cheminement sinueux, c'est qu'on a toujours envie d'aller voir plus loin, derrière ce bloc ou ce coude du cours d'eau... Le pique-nique est vite plié ; les sacs sont plus légers, mais la rivière est profonde et le courant est fort... Un seul homme dans la troupe, mais qui est galant avec toutes les filles, chic alors !

Oui, le courant est fort, et le fond fait toujours aussi mal aux pieds. Au point qu'une copine prise de pitié me prète 1 tong... j'ai moitié moins mal tout d'un coup, merci ! L'écho accompagne nos pas, et les coupures humides se font de plus en plus fréquentes. Autour de nous, la roche semble taillée de main d'homme, tellement ses formes sont régulières et bien faites.

Les photos se passent de commentaires... Les remparts se font de plus en plus hauts et resserrés, et nous sommes bien partis pour aller comme ça jusqu'à Grand Bassin ! Hmm, si on s'écoutait... J'y suis justement allée il y a juste 2 semaines, mais par le sentier traditionnel, depuis Bois Court et l'horloge hydraulique. C'est bien aussi, une jolie randonnée, et qui n'est pas réservée aux raiders, quoi qu'on en dise.

Pour revenir à nous, c'est bien triste à dire, mais il va falloir faire demi tour. Non pas que nous soyons arrivés à un obstacle infranchissable (et puis quoi encore ?!!!!), ou que nous en ayons assez, ou quoi que ce soit de concret. Non, mais si on ne prend pas à un moment donné la décision de s'arrêter, eh bien cette rando n'aura jamais de fin ! Allez, sans regrets, demi tour, d'autant plus que les gués n'ont pas changé de place entre temps, et nous n'avons pas fini de nous mouiller les pieds !!

Il falllait bien que tout cela finisse dans un fou rire : l'homme du groupe, qui crapahute en terrain très connu,  nous jure ses grands dieux qu'il y a eu 7 gués. Moi je crois me souvenir qu'il y en a 8, mais bon... On n'en est pas à un près. Nous les repassons tous, non sans mal, non sans perdre une tong au passage, non sans se refaire des frayeurs... Tous ? Eh non... il en manquait bien un !

Merci à mes 5 camarades d'aventure, qui ont partagé cette balade originale. Au plaisir de repartir avec vous !

La Baroudeuse.