L\'Esprit Rando

Quand une randonnée vire à l'expédition...

10 septembre 2007.

La veille nous a mis en conditions avec une petite virée à cheval "dans les brocolis", aux Ecuries du Volcan... Le gîte du Pic des Sables (Plaine des Palmistes) nous accueille, nous sommes 5, des novices du baroud pour certains, mais l'aventure de demain en vaut la peine...

Encore une idée bien à moi, partie d'une photo punaisée sur un mur de bureau anonyme... Coup de foudre : je veux y aller ! Et c'est non négociable ! "Là", c'est le Bras des Cavernes, un affluent de la Rivière du Mât, vive entaille au couteau dans la montagne, qui a créé une brêche étroite qui s'enfonce entre 2 murailles titanesques recouvertes de verdure, un paysage comme seule l'île intense sait nous en régaler...

La carte révèle que le Bras des Cavernes prend sa source au Trou de Fer. De mieux en mieux ! Hmmm ! En plein coeur de la forêt vierge ! Je repère vite LA petite sente qui est la variante de la variante (!) du sentier balisé, et qui d'après mes calculs nous conduira tout droit à un belvédère surplombant le fabuleux Bras des Cavernes. Dans mon esprit ce bras de rivière s'apparente vite à un eldorado mythique enfoui dans les tréfonds de l'oubli et qu'il s'agit d'exhumer... N'importe quoi !

Bon, retour sur Terre, et parking juste avant le sentier de l'Ecole Normale. J'explique en quelques mots ce qui nous attend, enfin, ce que je pense qui nous attend. Le caillebotis du sentier du Trou de Fer est sympa et sans difficulté pour l'instant. Ambiance super sympa, fou-rires lorsqu'il s'agit de sauter une flaque de boue sans tomber... on s'arrête aussi pour se prendre en photos au milieu de cette nature exubérante, en imaginant que c'est pour ELLE ou TREKMAG. Photos de charme en tout cas, y a que des filles, chacune selon sa personnalité, et sous l'oeil amusé du seul homme du lot !

Cette forêt vierge tout droit sortie d'un film d'aventure, dense et impénétrable, cette forêt donc est une vraie merveille. Fanjans, lianes, tamarins, fougères, hautes herbes.... Même si nous la connaissons déjà, on l'admire comme au premier jour.

Un "point de sit' " de temps en temps, histoire de s'assurer de la direction : depuis le parking, le sentier de lEcole Normale nous a conduit en 2h environ (photos comprises !) à la Grande Mare du Plateau Cochons. Et plus loin, c'est le virage radical à droite : le sentier est déconseillé aux personnes souffrant du vertige. On annonce des échelles, des passages vertigineux... Hmm ! Je frétille et trépigne. Tout le monde suit ? Personne n'a peur ? Alors en avant.

Là, on sent que le sentier est carrément moins entretenu. Le caillebotis n'est plus qu'un souvenir depuis un certain temps déjà, mais là, la nature a bien repris ses droits. Végétation encore plus dense, boue plus épaisse, rochers glissants... Là, le terrain devient difficile. Nous crapahutons dans le lit asséché d'une rivière au milieu des galets moussus. Tout est silencieux, il faut dire que l'on se concentre là où on met les pieds.

ça n'amuse plus grand monde à part moi quand la forêt se resserre encore, le terrain se faisant vertical et avec des échelles pour faire bonne mesure... Une éclaircie dans la verdure nous fait découvrir que nous sommes audesus du Trou de Fer ! Waaah ! Il est loin, bien sûr, mais cette vue est réconfortante et nous reprenons notre périple. Sauf que le temps passe... et que nous avons l'impression de ne pas avancer.

Crottés de boue, se hissant par moments à la force des bras, gravissant les échelles, nous faisons mine de rien... une escalade sans fin ! Oui, le mot n'est pas trop fort, même qu'en dessous de moi, ça commence à râler sec, ça en a marre, ça ne sait pas où on va, et je comprends que ça puisse être lassant à la longue.

D'un commun accord, pique-nique au sommet du rempart, pas fâchés de mordre dans nos sandwiches. D'après la carte, le point de vue n'est plus très loin, et j'aurais bien continué. Mais vue l'heure, ce n'est guère prudent, surtout avec un groupe. Bon, c'est à regret que je cherche un autre sentier pour rentrer, sans le trouver d'ailleurs. Demi-tour, il va falloir redescendre tout e qu'on a si bien grimpé jusque là...

Le destin met sur nos pas un layon à peine marqué sur la carte, mais qui, si tout va bien, nous conduira tout droit au parking... L'Aventure continue ! Et après bien des frayeurs, une longue marche, en partie dans la nuit tombante, nous émergeons de la forêt vierge, juste sur le parking, à quelques mètres de nos voitures. Là tout de suite, les sourires reviennent, et seuls les bons moments de cette randonnée insolite remontent d'un bloc.

Sauf que moi, je n'ai pas vu le Bras des Cavernes...

L'Aventure n'est donc pas finie...

Un grand merci à mes 4 camarades d'expédition ; et pardon à ceux qui ont eu des grosses frayeurs pendant le retour....

La Baroudeuse