L\'Esprit Rando

L\'Esprit Rando

Sur la peau du monstre...

Nous y voilà...

Le pas de Bellecombe et sa bicoque touristique sont derrière moi, et je longe la rembarde qui surplombe l'enclos. A ma droite, il est là, paisible, majestueux, sûr de son charme, et un peu arrogant. Glups !

Bon, d'abord, un coup d'oeil à la table d'orientation...qui indique les îles Kerguelen à 400 km... cherchez l'erreur ! J'ai donc devant moi outre le Piton de la Fournaise (2600m), le Formica Leo, le Nez Coupé de Ste Rose, le Nez Coupé du Tremblet, le Pion Kapor... Tout cela sur une mer de lave refroidie, et polychrome, toute dans les tons de noir, rouge, brun. Superbe ! D'ici, on dirait une croûte de chocolat sur un gâteau. Hmmm...

les 2 cratères du Piton de la Fournaise

La grille est ouverte et permet l'accès à l'enclos au terme  de centaines de marches d'escalier. Bigre ! Il faudra les remonter au retour, il n'y a pas d'autre issue. Inutile de penser descendre vers la mer. Enfer minéral et végétal, sans une goutte d'eau, sur un sol instable à souhait et où la roche risque à chaque instant de se dérober sous les pas. Non, non, ce ne sont pas des blagues, hein, je n'invente rien.

petit sentier et escaliers à flanc de falaise

En attendant, me voici au bas des marches et en quelques bonds, j'atteins le Formica Leo, petit cratère de 1753, tout en scories rouges, qu'il est joli ! Des randonneurs le gravissent, descendent au fond de son cratère ; je ne m'attarde pas, et je reprends la piste, les points blancs peints au sol, environ tous les mètres. Ces points sont le seul repère en cas de mauvaise visibilité. Il est en effet très facile de se perdre pour de bon en cas de brouillard, et alors là...

le Formica Leo

Mais je n'en suis pas encore là, et en attendant, je m'approche du Volcan proprement dit. Les coulées de lave se sont superposées, c'est magnifique. Tantôt on foule une belle lave cordée, ferme sous les pas et assez lisse ;  tantôt ce sont des gratons, petits blocs instables, traitres et coupants. Les couleurs aussi varient  : coulées de gratons noirs, lave cordée plutôt brun-rouge, c'est magique.

De bloc en bloc, par dessus une faille ici, évitant une dépression là, j'arrive à la Chapelle Rosemont, bulle de gaz solidifiée, qui marque la bifurcation entre la direction du cratère Bory (plus courte mais plus ardue), et celle du cratère Dolomieu (longue mais en pente douce).

Cratère Dolomieu, oct 2006 ; cratère Wandzani en éruption

J'ai fait les deux. Pas le même jour, bien sûr. Et je préfère le sentier du Bory : plus difficile donc moins fréquenté, il a tout pour me plaire ! De toutes façons, le circuit fait le tour des cratères, donc on retombe  toujours sur ses pattes au final. Et de là haut, on domine, c'est magnifique ! On voit la mer, les Grandes Pentes, le rempart de Bellecombe qui paraît... pas si loin que ça, et la colonne incessante de randonneurs, telle une fourmilière le long des points blancs.

Le Piton de la Fournaise étale devant nous ses 2 cratères : le Bory, le plus petit, et le Dolomieu (1 km de diamètre). Mais ça, c'était avant l'éruption d'avril 2007, tellement violente que le magma a été vidangé d'un coup, et que le Dolomieu s'est effrondré. Il n'en reste qu'un gouffre de 300 m de fond, fissuré de partout, et interdit au public encore à ce jour (août 08).

avril 2007 : la fin d'un cycle...

Je me souviens d'une somptueuse éruption de nuit, sous un clair de lune fantastique... Un de mes meilleurs souvenirs de l'ïle intense (la personne qui était avec moi ce soir là se reconnaîtra et saura de laquelle de nos expés je veux parler...!).

Toujours au fil des points blancs, on contourne les cratères, on passe devant la Soufrière (puits de lave détruit par l'effondrement précité), et puis ma foi, comme cela fait près de 3h que l'on crapahute, sous un soleil qui commence à nous cramer un peu, on va amorcer la descente. La descente par les points blancs pour les touristes... ou bien hors sentier si on a la chance d'être accompagné du guide Roby Soriano (hotel-aloes.com, rubrique "randonnées"). Alors, on dégringole vers le Piton Kapor, qui a défrayé la chronique en 1998 en nous gratifiant de l'Eruption du Siècle. Vidéos de cette éruption de 6 mois, et aussi toutes les autres, consultables sur alaingerente.com.

Retour au pied des marches. Bigre, on les avait oubliées, celles-là ! Il n'y a pas d'autre alternative, pourtant. Bon, ça va, on finit par en venir à bout. Mais c'est vrai qu'après bientôt 5h de rando dans les pattes, on s'en passerait bien.

Toujours est-il qu'une fois en haut, on laisse éclater sa joie ! On a gravi le Volcan ! On a fait de belles photos ! On a pris le soleil !

Et qu'est ce qu'on est content d'avoir fait tout ça...!

La Baroudeuse.



05/08/2008
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