L\'Esprit Rando

L\'Esprit Rando

Les sentiers du bien-être

Escale à l'Ilet des Trois Roches

Novembre 2010

Hmm, me voici revenue sur "mon île", et je repars naturellement à l'assaut des sentiers de Mafate.  Sur le chemin du Taïbit, l'Ilet des Salazes, sa tisanerie, le jardin, l'accueil,  tout cela n'existe quasiment plus. C'est bien dommage, mais c'est l'occasion de découvrir quelque chose de nouveau. Je prend en compte mes compagnons de fortune pour cette aventure, à la Boulangerie du Cirque, à Cilaos. Quelques minutes de route vers Ilet à Cordes et l'on se gare au départ du sentier qui mène au Taïbit, et de là, àa Mafate. Hmmm, un délicieux frisson d'excitation me parcours le dos : je retrouve mon île après 2 ans d'absence, et je retrouve aussi le plaisir  de courir la montagne.

En effet, au bout d'une heure, nous faisons bien halte au niveau de l'Ilet des Salazes, mais si la cahute de l'accueil est encore là (bien qu'elle ait changé de place), personne pour nous offrir "ascenseur" ou gâteau ti-son. On le regrette, c'est sûr, tous autant que nous sommes à se croiser en route, mais c'est comme ça. On continue vers le Col du Taïbit, en sous bois, à flanc de falaise, à travers la Plaine des Fraises. Tour d'horizon, quand la végétation s'éclaircit : la Tête de Chien, les Trois Salazes, le Piton des Neiges, bien sûr, et puis la Tête de Lion, le Gros Morne, le Coteau Kerveguen...

Pause au Col, mais il y a du monde, on ne s'attarde pas et on repart d'un pas alerte vers Marla. Qu'il fait beau ! C'est vraiment agréable de randonner sur les sentiers par ce beau temps. Attention à ne pas se relâcher, hein, car on a vite fait de glisser et de se ramasser sur les cailloux. Là aussi, tour d'horizon : Morne de Fourche, crête des Calumets, La Nouvelle, Maïdo...

Marla est toujours un aussi charmant ilet, dans le verdure. Je recherche une pinède que je sais sympathique pour nous accueillir le temps du déjeuner. Bon OK, elle est déjà squattée par une meute de randonneurs pas très discrets, mais pas désagréables non plus. Une bande de joyeux drilles, ça met de l'ambiance ! Et puis elle est à l'ombre (la pinède), avec un point d'eau, bref, que demande le peuple ? Mes compagnons s'y arrêteraient bien pour y faire étape, à Marla. Sauf que nous sommes attendus à Trois Roches. Il s'agit de ne pas trainer. Nous prenons tout de même le temps d'une courte sieste, non mais !

Le soleil tape dur, mais on ne va pas se plaindre non plus ! Les dernières maisons de Marla se perdent peu à peu dans la végétation. Le sentier se met à descendre. Un promontoire nous permet d'apprécier la distance qui reste avant l'étape (hum...).

La verdure fait place à la caillasse. Nous descendons prudemment un pierrier (que les trailers connaissent bien), le sentier serpente encore ça et là, et finit par rejoindre la Rivière des Galets. Nous ne la quitterons plus, disons que le sentier la suit, en parallèle, en tout cas elle n'est jamais bien loin. Hum, ça sent la fin, tout ça. C'est ce que je dis à mes compagnons : l'étape n'est plus très loin. Ceci dit, la suite est assez ardue tout de même et quand nous arrivons enfin à la pinède des Trois Roches, tout le monde est soulagé. L'endroit est enchanteur : verdure, rivière joyeuse, sous les remparts fabuleux du Maïdo, nous voilà au bout du monde !

 Je pose tout le monde dans la pinède au bord de l'eau, et m'enquiert de notre hôte pour la  nuit. Encore un petit effort et nous y sommes. Une palissade en feuilles de choca, un portillon, et nous voilà dans un monde d'authenticité pure. Un layon serpente dans le jardin, et conduit à la maison. Bernard nous accueille avec une savoureuse infusion péi et explique qu'il a tout bâti lui même : la case en bois sous tôle typique de La Réunion, le four solaire, le captage de la source, le coin cuisine où mijote le repas du soir sur le feu de bois... Quel bel endroit ! Quel petit paradis ! Cachée dans la verdure, cette nouvelle escale pour les randonneurs, idéalement placée entre Marla et Roche Plate, est en cours de création. Bernard nous fait les honneurs de son domaine : l'installation future d'un accueil en bord de sentier, avec vente de tisanes et de miel ; le développement de la capacité de couchage, sous tente ou en case ; et puis l'aménagement du jardin aromatique, la création d'une mare, les ruches, la construction d'un four à pain, les sanitaires on ne peut plus rudimentaires, mais ô combien pittoresques ... !!

Nous sommes émerveillés. Envolées, les douleurs aux pieds et au dos ; oubliée la marche interminable sous le soleil. Plus rien ne compte que cet écrin de fraîcheur qui s'endort dans la lueur du couchant, dont les dernièrs rayons viennent incendier la paroi protectrice du Maïdo. Mes compagnons sont enchantés. Chacun prend possession de son gîte pour la nuit, case pour les uns, tente pour les autres. Douche, photos, dessins, somme dans le hamac, qu'est-ce qu'on est bien, on y resterait bien plusieurs jours. Quelques accents de guitare, c'est Bernard qui fredonne une chanson de sa composition. On en redemande bien sûr, et il en faut peu pour qu'un petit refrain nous reste dans la tête. A table ! Qui l'eut cru ? Encore des surprises. Le traditionnel cari poulet ou rougail saucisse a fait place à un cari camaron [crevettes, gambas], bien inattendu au fin fond de Mafate ! Et cuit au four solaire, s'il vous plait !!

La nuit est tombée, et c'est à la lueur de la frontale que l'on retrouve à tâton chacun sa tente ou sa case. Tout est calme, les grillons chantent  sous le ciel étoilé. Quel bonheur ! Un épais matelas rend la tente aussi confortable qu'un lit douillet, j'adore bivouaquer déjà par nature, alors dans ces conditions, il n'y a plus rien à dire ....! Hmmm, je me plonge avec des délices incommensurables dans les bras de Morphée...

Réveil naturel aux aurores, le jour est déjà levé, il est 6h et l'on entend Bernard qui s'active déjà alentours. Il n'est pas le seul d'ailleurs, les voix de mes compagnons de rando me parviennent également. Je ne traine pas, car il va falloir quitter cet endroit enchanteur, et il y a le retour à Cilaos en perspective. Ti dej dans la case, et l'on fait nos sacs au son de quelques mesures de guitare. Si Bernard tient à nous laisser un souvenir durable avec cet air entêtant, eh bien c'est réussi. Un dernier geste de la main et l'on redescend sur les Trois Roches.

Inévitables photos de la cascade, c'est beau, on est bien. La remontée vers Marla s'annonce pourtant longue et écrasante de soleil et nous ne trainons pas, certains taisant quelques douleurs fugaces aux articulations. La journée d'hier m'a alertée là dessus, je reste vigilante et passe mentalement en revue les points particuliers du parcours : la côte raide dans le sous-bois, les rochers glissants, le pierrier... Hum, j'incite mon petit monde à ne pas lambiner. Nous retraversons plusieurs fois la Rivière des Galets, prenons notre mal en patience dans le pierrier... Bon, nous voici à Marla finalement. Pause rafraichissement à l'épicerie. Le plus dur reste à faire : franchir le col du Taïbit. Mais un pas après l'autre, de bâtons prétés en sac porté, ma foi, nous arrivons entiers à la route d'Ilet à Cordes.

Trop belle cette randonnée ! La grande nouveauté par rapport aux circuits classiques dans Mafate réside en la présence du gîte de Bernard, idéalement placé entre Marla et Roche Plate. Il y a fort à parier que cela va vite se savoir et que les randonneurs vont affluer pour savourer à leur tour cette pittoresque et ô combien délicieuse étape.

La Baroudeuse

Renseignements / réservations sur le gîte de Trois Roches : 06.92.16.20.90 (R.SORIANO)

 



26/01/2011
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